La porte, et la bonne
Design of everyday things
Un resto élégant, des serveurs affables, des burgers japonisants à s’en lécher les doigts… Jusque-là, tout se passe plutôt bien, très bien même. Puis vient le moment de passer au petit coin.
Vu le standing du resto, son style recherché sans pour autant renoncer à la touche de décontraction qui va bien, on s’attend forcément à des toilettes au petit détail insolite. Et ça n’a pas loupé ! Mais pas dans le bon sens, malheureusement…
Original, enfin presque !
En lieu et place des pictogrammes bien connus pour nous orienter dans notre cheminement vers les latrines, on tombe sur d’étranges symboles et inscriptions qu’il nous revient de déchiffrer. Alors pour sûr, on est dans un premier temps agréablement étonné de l’originalité du concept. Mais la surprise laisse rapidement place au décontenancement.
Déjà d’une, ils n’ont rien inventé : les faussaires ont simplement repris l’idée derrière un panneau destiné à être accroché au mur qu’on peut se procurer sur Amazon ou autres farfouilles en tout genre.
Mais passe encore, ce n’est pas là la raison de mon agacement. C’est plutôt parce que, faute d’espace entre les deux portes, ils l’ont remanié à leur façon, pour arriver à un résultat final esthétiquement plaisant, certes, mais qui prête à confusion et est susceptible de mener l’usager à l’échec dans son choix. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
3 raisons pour lesquelles ça ne marche pas
Premièrement, sur le panneau original, on remarque une disposition verticale qui est essentielle à la bonne compréhension du jeu de mots et surtout, de l’information directionnelle, cette dernière étant celle qui prime - lorsqu’on va aux toilettes, on y va moins pour s’y divertir que pour s’y soulager.
En ne respectant pas cette disposition, on perd le sens, et l’usager occidental – qui commence naturellement à lire les informations de la porte de gauche – doit remettre les séquences de mots dans l’ordre – en présupposant qu’il comprenne suffisamment l’anglais pour en saisir la drôlerie.
Deuxièmement, tout être humain normalement constitué s’attend à ce qu’une indication apposée sur un objet se rapporte directement à celui-ci, et non pas à l’objet voisin. On comprend après coup que l’intention du créateur derrière chaque flèche était de pointer respectivement vers l’autre cabine. Sauf que, ces flèches se situant au même niveau et se faisant face, on a finalement l’impression qu’elles pointent vers la même direction et qu’hommes et femmes doivent donc se rendre au même endroit. J’étais, pour ainsi dire, comme un Harry Potter devant une voie 9 3/4 : sonné.
Enfin, on notera que ces taquins d’artistes ont tout de même jugé bon d’ajouter des symboles homme/femme (partant donc du principe qu’ils sont eux aussi compris du grand public), ce qui en tout état de cause n’aide en rien et ajoute à la confusion, dans le sens où on a maintenant deux informations contradictoires sur ce même objet qu’est la porte. A quoi faut-il se fier ? Au mot ou au symbole ?
Le mot de la fin
En temps normal, choisir la bonne porte aurait été une opération banale ne demandant qu’une fraction de seconde. Mais ici, on reste bien hébété quelques instants devant ce système mal conçu.
Peut-être que ce n’est que ma propre vision des choses. Visiblement non.
Alors que j’arrivais dans la pièce, une personne de sexe masculin est sortie de la cabine de droite (réservée aux femmes donc, si vous avez bien suivi). Sans trop me poser de question (et surtout pour ne pas lui faire remarquer son erreur), je l’ai succédée et, en ressortant, me suis retrouvé nez-à-nez avec une personne du sexe opposé. Elle attendait que la cabine se libère, ce qui voulait dire qu’elle était parvenue à venir à bout de l’énigme !
Se pourrait-il alors qu’il n’y ait que les hommes pour s’y méprendre ?
P.S. : Cet article est évidemment à prendre au second degré. Mes compliments au chef !